4 septembre 2011

Les Bien Aimés

Les Bien Aimés
De Christophe Honoré
2011
En salle actuellement




















Critique commune

L'avis de Léa

Destins croisés, semblables et pourtant si atypiques, accompagnés de chansons réussies et bien interprétées par les acteurs. Peut-être plus abouti, le film est plus convaincant que "Les chansons d'amour", autre long-métrage de Christophe Honoré. Tout concorde, les voix sont maîtrisées, et les morceaux ont une durée suffisante sans être trop encombrants. La mère, jouée par Ludivine Sagnier pour les années 60-70, mène une vie libérée, mais ne semble pourtant pas heureuse, elle cherche, court après quelque chose qu'elle ne parvient pas à rattraper. Puis une histoire d'amour se tisse, se déroule et se défile, elle suit son mari à Prague puis finit par rentrer à Paris, et se remarie. Jaromil, son mari, réapparaît et veut la revoir, elle le rejette mais l'accepte en même temps, perdue dans les méandres de ses amours sans fond. Enfin, la fille, Vera (Chiara Mastroianni) qui aime un homme qui la repousse, personnage touchant et juste. Au travers de plusieurs événements, la libération sexuelle, le printemps de Prague, le 11 septembre, au travers de plusieurs époques fidèlement reconstituées, le film est empreint d'une grande mélancolie, sentiment qui prend toujours le dessus dans les films d'Honoré. Et puis voilà, malgré nous l'histoire nous emporte et la musique fait son effet, lové au fond d'un fauteuil rouge et plongé dans l'obscurité, on nage, on effleure des doigts les personnages et leurs amours qui finissent par nous bouleverser.  Catherine Deneuve, qui joue la mère pour les années 2000, est épatante, femme battante mais qui se révèle fragile et brisée sous une carapace opaque. Louis Garrel, qui aime Vera et déclare à la fin qu'il aurait préféré être à la place de "l'être l'aimé"... Puis les lumières se rallument, ah tiens c'est déjà fini, on reste jusqu'à la fin, jusqu'à la dernière lettre du générique.

L'avis de Mathilde

Est-de de la magie ou bien seulement la vie (l'amour?) qui commence, qui va, qui vient et ne s'oublie pas?
Entre les années 60, 70, 90 et 2000, entre Prague, Reims, Paris et Montréal. Les personnages chantent les uns autour des autres sur la musique d'Alex Beaupin. Pourtant les Biens Aimés n'est pas une comédie musicale. La BO est simplement chantée par les personnages, mais elle apporte bien plus au film que de simples musiques. Elle suscite une vision très intime des personnages et donne aux chansons les touches personnelles des acteurs. Ce n'est pas le dialogue qui est musical mais les pensées propres de Véra, Madeleine, Jaromil et Henderson qui sont transmises.
Amours impossibles, amis-amants. Ils sont tous ballotés par leurs histoires de cœur dans lesquelles le "ils vécurent heureux et eurent pleins d'enfants" ne triomphe jamais. Pourquoi alors a-t-on alors soudain cette sensation de légèreté, cette fraicheur? 
Il y a deux réponses à cette question, l'une est dans le titre d'un autre film : L'insoutenable légèreté de l'être de Philippe Kaufmann adapté du livre de Kundera l'autre est dans l'habilité de Christophe Honoré lorsqu'il filme des femmes. Il nous montre Chiara Mastroianni (Ludivine Sagnier et Catherine Deneuve) plus belle(s) que jamais.
Il y a certes des références à Demy, Truffaut on ne peut plus évidentes, avec la grande différence que Catherine Deneuve n'est pas ici une jeune fille mais une mère qui vit au présent. C'est donc bien un film d'aujourd'hui...qui nous raconte le cinéma d'autrefois en passant par des évènements majeurs des décennies précédentes (prise de Prague, 11 septembre) sans pour autant dévier de son sujet principal : les Biens Mal Aimés.

A voir : L'insoutenable légèreté de l'être, Les parapluies de Cherbourg, Les demoiselles de Rochefort, Peau d'âne, Les chansons d'amour, La belle personne.
A écouter : 
Je peux vivre sans toi, Ludivine Sagnier, Prague, Ludivine Sagnier, Les chiens ne font pas des chats, Ludivine Sagnier et Rasha Bukvic, Tout est si calme, Ludivine Sagnier, Catherine Deneuve, Chiara Mastroianni, Clara Couste, Who do you love, Thousand, Ici Londres, Chiara Mastroianni et Paul Schneider, Une fille légère, Chiara Mastroianni et Catherine Deneuve, J'en passerai, Chiara Mastroianni, Qui aimes tu ?, Chiara Mastroianni et Paul Schneider, Reims, Louis Garrel, Jeunesse se passe, Chiara Mastroianni, Je ne peux vivre sans t'aimer, Catherine Deneuve, Puisque tu m'aimes, Omer Ben Sellem, Autour de ton cou, Louis Garrel et Chiara Mastroianni de Alex Beaupin
* Et Spanish Sahara de Foals...

1 commentaire:

  1. Je pense qu'on a cette sensation de légèreté par des petit détails... par exemple Honoré choisi comme point d'accroche quelque chose de banal, mais aussi très symbolique : la chaussure. et il suit ce fil rouge jusqu'à la fin du film, où Deneuve dépose les chaussures du début, elle laisse derrière elle sa jeunesse et ses tendres années. Je trouve ça à la foie fin et léger et émouvant, à l'image du film. (fanny)

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