16 octobre 2011

L'Apollonide, Souvenirs de la Maison Close

De Bertand Bonello
2011
En salle actuellement

Elles sont loin de l'idéal féminin du 21ème siècle et pourtant elles sont belles, magnifiques, époustouflantes, sublimes, sensuelles. Elles ont les corps des muses de la peinture de la renaissance ou baroque.
Chaque soir, dans une luxueuse maison, vêtues de robes somptueuses, une cigarette à la main, du champagne au coin des lèvres elles font commerce de leur liberté. « Yes Madame »
Fantasmes des hommes, poupées entre leurs mains, « la liberté c'est dehors », elles sont putains. Et pendant un peu plus de deux heures vous vivez avec elles. Toujours à l'intérieur (à l'exception de deux scènes : la rivière et une soirée « un peu spéciale »). Vous êtes enfermés sans possibilités de sortie. MST, folie des clients, rivalité, dettes, amours impossibles, opium, tant de dangers pour si peu de plaisir. « Putain de métier de putain! ».
Encore un homme qui aime les femmes et qui sait les filmer. Il réunit dans ce tableau vivant les beaux espoirs du cinéma français (Hafsia Herzi (la Graine et le Mulet) « l'algérienne », Celine Salette (Marie Antoinette), Adèle Haenel , Alice Barnole, la magnifique « femme qui sourit », Iliana Zabeth « la petite » et Noémie Lvovsky (déja bien connue) « Madame » ) et italien (Jasmine Trinca). 
Tout est réglé dans les moindres détails, la scénographie est parfaite, les plans sont monstrueusement beaux. Choquant ? Non, remuant, oui.

Certains penseront qu'il n'y a pas d'histoire. Il y en a une. Elle est tellement évidente qu'elle ne se voit pas. L'histoire c'est le quotidien de prostituées, pas seulement en 1900, mais aussi en 2011. C'est aussi la fin des maisons closes, le début des trottoirs. C'est la déconstruction des clichés sur les prostituées, le sexe. Malheureusement ce n'est que le fond du film, le côté esthétique occupant le premier plan.


Entre soul, rock et classique la BO est magistrale. Elle s'accorde tellement bien avec les images que ces mêmes chansons auraient pu exister à cette époque. On aime la soul de The Mighty Hannibal avec the Right to Love you, sensuelle à souhait pour aller avec le festival de femmes nues. La danse funèbre sur Night in White satin des Moody Blues est surement une des plus belles scènes du film. Et puis il faut le reconnaître le concerto n°23 pour piano de Mozart (notamment utilisé pour la chorégraphie du Parc de Angelin Prejlocaj) et le Puccini donnent un côté authentique au tout. Et pour finir, à écouter absolument : Bad Girlde Lee Moses parce que cette chanson vous fait repartir presque légère à la fin d'un film plutôt plombant.
« Musik Bitte »










A voir  également : Belle de jour de Bunuel (pour une autre histoire de maison close)

Mathilde

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire