28 janvier 2012

Anosmiaques - EP

Anosmiaques
EP Euakira – 3points, 190 lettres – Si le soleil se lève un jour
2011


Aucun doute, dès la première écoute, Anosmiaques expose son style :
Souvent rock français, parfois hard voire métal. Plutôt classique jusque là.
Sauf que voilà, si à la première écoute on n'accroche pas forcément à la musique, il suffit d'écouter les paroles pour tomber sous le charme. Influences à la fois Baudelairiennes et Rimbaldiennes.
Les trois chansons sont des petites perles de poésie. De la poésie brute, qui sort droit du cœur.
A la fois litanie antique et hymne pessimiste à notre société de plastique, d'amours artificiels et d'images sanglantes que l'on trouve belles.
Euakira ; 3points, 190lettres et Si le soleil se lève un jour ont un lien. Un lien trop subtil pour poser des mots dessus. Parfois, on pense saisir le sens caché d'une phrase, puis on la réécoute et on ne retrouve plus rien du sens d'avant. Frustrant ? NON, passionnant.
Poésie invocatoire, incantations mystérieuses, chant lancinant. La musique elle même prend un sens parée de tels mot.
Les consonnes sont des rythmes, les voyelles des moments de repos inespérés dans la violence des paroles et parfois même de la musique et du chant. On regrette les moments plus « métals » des chansons comme Euakira, si les cris et les cœurs rendent bien, les paroles du refrain mériteraient plus de douceur. Si cela atténuerait le contraste entre les couplets qui font sonner la langue française comme je l'ai rarement entendu chez un jeune groupe et les refrains plus agressifs, cela donnerait quand même une réelle unité à la chanson.
Si on s'attarde un peu plus sur Euakira, on peut remarquer une balance très équilibrée : une batterie très subtile et enlevée, une guitare un tout petit peu trop saturée mais efficace, des chœurs surnaturels, des chuchotements frissonnants et UN moment magique : une pause dans la noirceur du morceau : un couplet chanté juste avec la guitare . Planant. C'est presque avec surprise qu'on découvre des ressemblances avec un artiste d'un univers opposé : M.
Pour ce qui est de 3points, 190lettres, on sent clairement une ressemblance avec des groupes comme Effeil ou mieux encore : Noir Désir.
L'ambiance est plus énervée, plus entraînante, aussi noire que dans Euakira. Les refrains ont des accents chamaniques.
C'est dans Si le soleil se lève un jour qu'on sent le lien qui lie les trois chansons. Les passages parlés sont juste hallucinants et le refrain impossible à oublier. Seul regret : la fin a des consonances d'Indochine. Mais ce ne sera jamais assez pour éclipser ces paroles énigmatiques.

Dans son EP, Anosmiaques conjugue le verbe écrire dans son plus beau sens figuré : la musique. (Haha c'est vraiment beau et niais ce que j'écris la...Mais tant pis.)

Mathilde


 Plongée rapide dans un univers étrange, onirique, mais bien en phase avec la réalité. Mais dans quelle époque nous situons-nous ? Au début du XXème siècle ? "C'est beau comme un cabaret décadent dans le Berlin des années 20", déclare le chanteur dans "Si le soleil se lève un jour". Mais on a parfois l’impression de se trouver au XIXème siècle, égarés entre les corsages la dentelle et les parfums enivrants, comme dans "Euakira". La musique est pourtant bien actuelle, métal doucereux, rock vif, une voix susurrante et agressive. Anosmiaque réussit à allier textes superbement écrits, poésie mélancolique teintée d’une noirceur étonnante, et musique sauvage, déchaînée. Tout concorde. Les paroles sont sèches, affûtées comme une lame de couteau. Les mots sont rêches, mais s’écoulent d’une façon limpide. Si les trois chansons n’en paraissent qu’une, elles ne disent pourtant pas exactement la même chose. On a envie d’en savoir plus, de saisir le sens des paroles, on reste un peu confus. Mais est-ce que ce n’est justement pas mieux ainsi ? Cette ambiance mystérieuse, à la limite du mysticisme, qui rend les contours flous, on ne discerne rien. Le groupe nous perd dans des dédales sans fin, des notes s’accrochent et s’écorchent, les mots claquent, comme un coup de fusil. Le côté métal est intéressant et se fond adroitement dans l’atmosphère des morceaux. Cri rauque, animal. Commençons par la fin, remontons le temps. Dans "Si le soleil se lève un jour" on sent la fin qui se rapproche lentement, la consécration ultime, sorte de descente aux enfers inévitable. Le refrain sonne malheureusement par moments comme une chanson de Kyo, et efface alors la singularité de la chanson. Les paroles restent tout de même éblouissantes, elles nous emportent, littéralement. "3 points, 190 lettres" fonctionne très bien, la voix se fond dans la musique et se détache de l'ensemble, les mots sont sombres et vont droit au but. La batterie court à un rythme effréné, puis tout s'arrête, brutalement. Bang. Là où le groupe réalise un parfait équilibre, c'est avec "Euakira" : les paroles atteignent des sommets, violence dissimulée, qu'on perçoit après plusieurs écoutes. Musique hâchée, tonitruante. "L'hispanique, l'hispanique".
L’influence du groupe français Aqme se ressent au fil des chansons, tant au niveau des textes que de la musique en elle-même, mais l’atmosphère qui se dégage est tout de même plus aérienne, moins pesante que celle qu’on retrouve dans la plupart des chansons d’Aqme. Cet EP menace et nargue de manière assez rusée cette espèce de soupe insipide appelée plus communément la "scène rock française".

Léa


Musique, infos et autres sur la page Facebook du groupe : Anosmiaques

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